La réforme des retraites voulue par le gouvernement devient, par la force des choses, un enjeu capital pour les salariés du privé, comme du public, mais aussi pour les organisations syndicales !
Cette réforme majeure remet en question, à la fois les acquis de tous les salariés, mais aussi la gouvernance et la méthodologie de négociation pour réformer demain dans ce pays, sans conflit dirons-nous, sur un sujet compliqué comme les retraites.
Nous savons tous, par expérience, ce qu’il ne faut pas faire, c’est-à-dire se diviser entre organisations syndicales, entre salariés du public ou du privé ou encore penser qu’on peut gagner seuls, en défendant des contenus corporatistes.
A ce stade des discussions avec le gouvernement, l’enjeu n’est pas obligatoirement de savoir si un système par points est plus vertueux que notre système solide et solidaire par répartition. L’enjeu primordial pour les salariés, comme pour les syndicats, est de savoir si nos pensions de retraite vont diminuer, si les salariés vont devoir travailler plus longtemps. Si réellement la pénibilité va être prise en compte sur des critères objectifs, clairs, équitables pour tous les salariés. Si de nouveaux mécanismes de solidarité vont être intégrés afin d’asseoir un système n’obligeant pas les salariés à travailler encore après la retraite, pour bénéficier d’une pension décente ou encore si des modifications politiques peuvent être intégrées par pilotage semi-automatique, sans négociation et sans les représentants des salariés.
La difficulté avec ce gouvernement, c’est qu’il profère de belles paroles pour endormir les retraités, les salariés, les syndicats, sans mettre sur la table ses réelles propositions.
Partons de ce qui nous rassemble pour construire un chemin afin de rassembler l'ensemble des salariés du public comme du privé et les organisations syndicales
Notre objectif syndical ne doit pas être forcément de partir sur une multitude de dates de mobilisation pour répondre à quelques organisations professionnelles corporatistes ou autres, mais plutôt de regarder comment construire un chemin afin de rassembler l’ensemble du salariat et les organisations syndicales. Partons donc de ce qui nous rassemble. Comme toutes les organisations syndicales ont dit publiquement : pas de diminution des pensions, pas d’allongement du temps de travail pour bénéficier d’une retraite à taux plein pour tous les salariés du public ou du privé, tout comme une prise en compte de la pénibilité du travail dans le calcul de retraite, mais aussi de solidarité, pour prendre en considération les difficultés de l’entrée des jeunes sur le marché du travail ou des seniors sur la sortie prématurée des entreprises. Nous pouvons donc l’acter dans un document revendicatif commun.
Cela aurait l’efficacité de parler d’une même voix et fédérer l’ensemble du salariat sur quelques grands principes entre toutes les organisations syndicales.
Chaque organisation syndicale serait libre ensuite de porter ses revendications spécifiques pour parvenir à assurer ses grands principes. Cette méthode aurait surtout l’avantage de mobiliser les salariés et les syndicats d’entreprises sur des journées interprofessionnelles, comme la prochaine grande mobilisation du 5 décembre.
Maurad RHABI,
secrétaire général
éditorial du journal de la Fédération THCB, octobre 2019
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