Nathalie Furic est préparatrice de commandes. Cette employée de la blanchisserie industrielle Rentokil Initial apprécie l’autonomie de son poste et l’ambiance de travail. Consciencieuse et enjouée, elle se nourrit aussi de ses activités syndicales.
« Je ne suis pas malheureuse au travail. » En dépit d’une gestuelle répétitive, Nathalie Furic ne s’ennuie pas à son poste et goûte l’autonomie qu’il lui procure. Seule dans sa remise remplie de cartons, de rouleaux de papier et de recharges de savon, la quinqua pleine d’entrain prépare les commandes de produits consommables pour les tournées du lendemain. Une odeur de brûlé caractéristique se dégage de la mise sous plastique. « Je mets tout sous plastique, c’est plus hygiénique. »
Derrière elle, le tunnel de lavage (où sont regroupées les machines à laver) crachote et tambourine avant de déverser un tas de linge propre et mouillé dans un chariot. Blouses, pantalons et combinaisons de travail sont alors acheminés jusqu’aux ouvrières, identifiables à leur tenue fuchsia, qui les accrochent aux cintres.
Au-dessus des têtes, des uniformes se suivent à la chaîne dans un cliquetis mécanique, passent dans l’ordre le tunnel de séchage, le poste de « visitage » pour un contrôle. Clic, clac, les uns partent en magasin, les autres pour une reprise à l’atelier couture, où Nathalie Furic a été embauchée, un BEP couture en poche, il y a déjà plus de trente ans. « À 19 ans, je ne me voyais pas rester à l’usine. Et puis, j’ai eu deux filles, la maison à payer. » La vie, quoi.
Comme elle, bon nombre d’employés travaillent sur le site de Dammarie-les-Lys (Seine-et-Marne) depuis sa création en 1989. « L’année dernière, une vingtaine d’entre nous s’est vue décerner la médaille du travail qui récompense trente années d’ancienneté. L’ambiance est bonne ici, on se connaît bien. » En production, les ouvrières gagnent entre 1 300 et 1 500 euros net. Nathalie Furic apprécie d’avoir « une bonne participation à la mutuelle, une bonne prévoyance ».
Ses horaires de travail, de huit heures à 15 h 30, lui laissent du temps libre. Une fois ses commandes déposées dans un chariot, direction l’autre bout de l’atelier, où des agents de service et des chauffeurs prennent en main les tournées, numérotées.
"Le fait d’être syndiquée à la CGT depuis 2008 rend la direction plus à l’écoute. Mes mandats au sein des différentes instances du personnel m’ont fait grandir. J’ai appris à connaître nos droits et à les faire valoir."
Nathalie Furic
En arpentant les 4 305 m2 d’atelier, la militante – déléguée syndicale, élue au comité social et économique, membre du comité central – s’arrête pour papoter avec ses collègues. Par ailleurs « référente Covid » en sa qualité de sauveteuse secouriste du travail (SST), elle leur rend compte des discussions avec la direction sur le choix des masques, dont le port est obligatoire. Alors que l’usine tourne au ralenti depuis le confinement, elle tente surtout de répondre aux inquiétudes des uns et des autres.
À la pause de midi, la voilà qui s’installe dans le local du CSE, qui jouxte la salle de détente. On passe une tête, on s’arrête pour discuter de l’organisation du travail en temps de pandémie. Des délégués de service, chargés du suivi chez les clients, ne comprennent pas pourquoi ils effectuent peu d’heures de travail, alors que d’autres cumulent les heures supplémentaires. L’ordre du jour du prochain CSE risque d’être coton…
Sarah Delattre
Source : Ensemble ! N° 133 Octobre 2020
Crédit photos : Bapoushoo
Repères : Dans le secteur de la blanchisserie, plus de la moitié des salariés gagnent à peine plus du Smic. Au sein de l’usine de Dammarie-les-Lys, les ouvriers en production, essentiellement des femmes, sont moins bien payés que les agents de service, essentiellement des hommes. Cela dit, chez Rentokil Initial, les conditions de travail sont relativement satisfaisantes grâce à une bonne implantation syndicale, la CGT ayant remporté 75 % des voix lors des dernières élections professionnelles.
►► A consulter également :