Maroquinerie : sous-traitance sous les ordres du donneur d’ordre

Publié le 31/01/2025

L’année 2024 a été compliquée pour les salarié.es de la maroquinerie. Les directions d’entreprise, étaient habituées depuis 10 ans à une croissance mirifique, où produire des sacs à main était plus rentable que vendre des diamants. Lorsque la croissance est redevenue « bonne », elles ont mis des pressions très fortes sur les salarié.es et participé à désorganiser le travail.

l y a une différence entre les stratégies du groupe Vuitton et Hermès. La première misant sur le volume, la seconde sur le prestige du produit. Dans les deux cas de figure, ce qui a le plus augmenté ce sont les prix, bien plus que la quantité réalisée. Les prix des sacs à main se sont élevés de plus de 50%, alors qu’au même moment l’inflation était en dessous de 20%. Chez les donneurs d’ordre comme chez les sous-traitants, évidemment, les salaires n’ont pas suivi l’augmentation des prix de leurs produits.

Salaires, emplois : toujours les salarié.es, la variable d’ajustement

Pour maintenir leur marge colossale, les salariés de la vingtaine de sous-traitants ont été les variables d’ajustement. Très vite les intérimaires d’abord, les CDD ensuite, ont perdu leur travail. Ce sont des situations sociales très dures pour ces salariés et une perte d’expérience de travailleurs·ses formés pour les entreprises, qui se plaignaient justement il y a peu des problèmes de recrutement... L’inquiétude est très vite montée avec les changements de planning puis les congés imposés fragilisant le droit aux congés payés. La pression des donneurs d’ordre est forte y compris chez leurs salariés et c’est encore plus vrai chez ceux qui sont sous-traités.

Les échanges de la fédération avec les syndiqué·es des différents donneurs d’ordre et de leurs sous-traitants, comme chez Tolomei, Rioland, MADA, Sofama, Fleurus, MAT, Hofica… ont montré des inquiétudes fortes se transformant parfois en colère car ce sont toujours les travailleurs·ses la variable d’ajustement.

Reconnaître le travail, augmenter les salaires !

L’année 2025 semble sur le même volume de production que la précédente. Si cela permet d’y voir plus clair, il faut des relations apaisées entre la direction des grands groupes avec leurs sous-traitants. Les besoins des 40 000 salarié·es de ce secteur, sur les conditions de travail comme sur les salaires doivent enfin être entendus.

Les NAO qui s’ouvrent dans les différentes entreprises de maroquinerie seront un indicateur fort pour donner des signaux concrets. La fédération et ses syndicats y seront attentifs comme pour la négociation dans la branche maroquinerie en cours. Les niveaux de salaire n’ont pas été revus depuis la revalorisation du SMIC au 1er novembre de 2%, équivalente à l’inflation. Avec un début de grille concernant de nombreux salari·és à 1807€ brut, soit moins de 6€ au-dessus du SMIC, comment peut-on l’accepter dans un secteur comme le luxe ? Nous attendons la réponse des branches patronales le 5 février ! Il y a urgence à reconnaitre le travail de celles et ceux qui le réalisent à commencer par augmenter les salaires.


Source  : Journal du THCB janvier 2025


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