Publié le 29/06/2023
Depuis quelques mois, experts en droit du travail, DRH ou syndicalistes tirent les premiers enseignements des ordonnances travail de 2017 après ce premier cycle de cinq ans.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que tous les acteurs dans l’entreprise ne regardent pas la nouvelle instance de fonctionnement, le comité social économique (CSE) de la même manière. Les chevilles ouvrières du patronat par la voix de l’association des DRH se félicitent de la « fluidité du dialogue » et invitent le gouvernement à prendre tout son temps avant des ajustements législatifs si besoin mais à la marge si possible. Le Medef vocifère l’autre partition, avec sa ligne rouge à tout changement !
Le bilan du CSE en 5 ans ?
Suppression de 200.000 élus du personnel, diminution drastique du droit syndical, réunion surchargée, commission SSCT atrophiée et moribonde !
De l’autre côté, les organisations syndicales confédérales d’une même voix s’alarment sur les conséquences de cette loi imposée sans débat et évaluent les dégâts : suppression de deux cent mille élus du personnel en cinq ans, diminution drastique du droit syndical, réunion surchargée, commission santé, sécurité et conditions de travail atrophiée et moribonde.
Quant à nos élus du personnel titulaires, nombreux sont en overdose de débat stérile, et même parfois en burnout, alors qu’à l’inverse, nos suppléants sont écartés, et cherchent sens dans leurs missions.
Voilà en quelques mots ce que pensent l’ensemble des organisations syndicales qui demandent en urgence des modifications conséquentes.
Toutes nos inquiétudes, à l’époque, nos manifestations, nos grèves contre cette réforme étaient bien fondées. Le jupitérien Macron, menteur par-dessus tout, qui promettait davantage de démocratie dans l’entreprise, nous aura imposé une belle usine à gaz au service du patronat, où nos réunions sont devenues par la force des choses des lieux de discussion sans pouvoir sur la marche économique de l’entreprise et sans pouvoir sur l’amélioration des conditions de travail des salariés. Quant à la négociation d’entreprise avec les syndicats, nous ne pouvons que constater qu’elle s’atrophie et se désagrège au fil de l’eau au bénéfice de la réunionnite du CSE, à une exception près, quand l’avantage tourne du côté patronal !
Pas étonnant que l’intersyndicale fasse de la démocratie sociale dans l’entreprise un nouvel angle revendicatif et exige déjà de l’exécutif de profondes modifications.
Maurad RABHI
Secrétaire général
Editorial du journal de la Fédération THCB, juin 2023
Crédit photo : Bapoushoo