Inde : défendre les droits là-bas c’est améliorer les nôtres ici

Comme la quasi-totalité des fédérations syndicales de l’industrie en Europe, la fédération THCB est rattachée à Industriall (membre de la CSI -Confédération Syndicale Internationale-). C’est dans ce cadre qu’une réunion d’échange sur le textile en Inde a été organisée avec nos homologues syndicalistes de ce pays de plus d’un milliard d’habitants.

 

 

Les délocalisations dans les états sans droit n’ont pour seul but : l’augmentation des profits des propriétaires des grandes marques. Des millions de personnes travaillent dans les usines où sont produits les textiles, les vêtements, les chaussures, le cuir et les accessoires de mode, avec des emplois précaires et dans des conditions dangereuses. Les travailleuses et travailleurs sont exposés aux produits chimiques utilisés pour le blanchiment et la teinture. Des catastrophes comme l’effondrement du « Rana Plaza » au Bangladesh ou l’incendie « d’Ali Enterprises » au Pakistan ont tué des milliers de personnes. Les campagnes des syndicats sur les droits des travailleurs ont mis en lumière des pratiques antisyndicales, des emprisonnements, des agressions et parfois des meurtres.

 

 

En Inde, le gouvernement d’extrême droite, surfant lui aussi sur l’islamophobie, a fait adopter des lois qui suppriment le droit du travail et syndical en s’attaquant en même temps aux petits paysans. Un élan de solidarité et de manifestation énorme a eu lieu, rassemblant des millions de personnes et bloquant les principales villes du pays. Faiblement médiatisées en Europe, ces mobilisations ont contraint ce président autoritaire à revoir sa copie et à suspendre une partie des lois. La reprise des cultures et la crise du covid dramatique en Inde ont stoppé la mobilisation.

Améliorer les droits là-bas, c’est diminuer la concurrence entre les travailleurs et gagner le progrès social partout pour toutes et tous !

Dans le textile, des campagnes ont été lancées pour que les enseignes mondiales soient tenues responsables de ce qui se passe au sein de leurs chaînes d’approvisionnement mais malgré des victoires sociales, cela ne suffit pas. Il faut un changement systémique. Le secteur de la confection est devenu si énorme et complexe qu’aucun acteur isolé, association, gouvernement ou syndicat, n’est en mesure de gagner seul. Les consommateurs et les syndicalistes font porter la faute aux enseignes, les marques accusent les fournisseurs ou les sous-traitants. Il existe des intérêts concurrents et cette industrie ne peut pas évoluer sans intégrer l’équilibre des forces entre eux.

Les fédérations syndicales internationales peuvent influencer l’équilibre des forces et faire évoluer le secteur dans une meilleure direction. Améliorer les droits là-bas, c’est diminuer la concurrence entre les travailleurs et gagner le progrès social partout pour toutes et tous !

Comme nous l’avions fait avec un syndicaliste du Bangladesh en 2014, nous proposerons à un camarade du textile indien de se joindre à notre prochain congrès THCB.

 


►► Source : Journal du THCB avril 2021


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