Depuis plusieurs mois, Cheynet, numéro un européen du ruban élastique pour la lingerie-corseterie était sous les griffes du tribunal de commerce. 180 salariés attendaient une issue à leur boulot. C’est le tribunal de commerce de Lyon qui a prononcé la sentence début avril, avec la cessation définitive d’activité. Une douche froide pour les salariés et leurs syndicats. Toutes les portes ouvertes par de potentiels repreneurs se sont toutes refermées sans suite.
Mais pourquoi donc un tel amateurisme ?
Il faut regarder du côté des pouvoirs publics locaux et de la direction sortante pour comprendre ce fiasco industriel. L’implication sporadique de la région, comme des représentants de l’état, préfet, commissaire au redressement productif n’ont pas forcément été très actifs et efficaces durant la période de liquidation pour faire émerger un repreneur. Pire, en considérant avoir déjà versé 2 millions d’euros d’aides publiques à l’entreprise sortante quelques mois auparavant, tous se sont dit qu’il était temps d’en finir avec cette entreprise.
Cette gestion calamiteuse de la direction d’entreprise, comme celle des pouvoirs publics interroge ! Notre syndicat CGT l’a, à juste titre, dénoncé publiquement à la barre du tribunal et lors d’une conférence de presse. Comment se fait-il que cette entreprise n’ait pas pu être reprise alors que deux repreneurs avaient montré un certain intérêt ?
Pourquoi les pouvoirs publics ont donné, sans contrepartie et sans surveillance, deux millions d’euros d’aides publiques à l’actionnaire principal de Cheynet, M. Giraud, mais ne sont pas intervenus quelques mois plus tard pour sauver 180 emplois et la viabilité d’un nouveau projet industriel ?
Pire, pourquoi l’ancienne direction, comme les pouvoirs publics ont cherché à faire endosser la responsabilité de la liquidation sur le dos des salariés et des syndicats ?
La vérité, dans ce dossier compliqué, est que chaque repreneur exigeait, de nouveau, des aides publiques pour reprendre l’entreprise et sauver des postes de travail. Pour masquer les erreurs stratégiques de l’entreprise sortante ou les erreurs tactiques des pouvoirs publics régionaux, les deux se sont associés pour crier en cœur que les responsables de l’échec étaient plutôt du côté des syndicats et des salariés trop exigeants !
Une honte lorsqu’on sait que les salariés étaient, pour la plupart, payés au Smic avec comme seul droit acquis restant une prime de vacances de 150 €, quelques jours de RTT et une ancienneté légitime dans l’entreprise.
Sans scrupules, le président de la région Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, comme le PDG de l’entreprise, Giraud, ont agité ces derniers droits acquis des salariés pour mieux masquer leur incompétence et le fiasco industriel.
La CGT ne compte pas en rester là et examine avec ses avocats par quel angle entamer une procédure judiciaire pour les faire condamner.