Le scénario aurait pu paraître comique s'il n'était pas tragique ! Un simulacre de concertation tendu sous les lambris de la République entre les protagonistes sociaux et le gouvernement débouchant « in fine » sur un accord de sortie de crise, certes, ambigu mais plausible !!!
C’est ce qu’a tenté d’organiser le premier ministre, la direction de la CFDT et le Medef sur le faux retrait de l’âge pivot.
Tout a été mis en œuvre pour donner un maximum d’ampleur théâtral : les tensions verbales, la dispute, la fâcherie, la réconciliation, l’espoir, le compromis et enfin l’accord.
Tout ce faux suspense s’est bien évidemment séquencé sur quelques semaines pour mieux mettre en avant ce compromis laborieux. Il ne restait plus qu’à certains médias à orchestrer l’info pour tenir en haleine tout un peuple.
C’est parfois l’exercice périlleux que tentent certaines directions nationales syndicales lobbyistes cherchant par tous les moyens d’être l’interlocuteur privilégié et indispensable dans les négociations interprofessionnelles ou lors des concertations avec les pouvoirs publics. Jusque-là, rien de bien nouveau dans le dialogue social français !
Mais lorsque cette scène se déroule alors que des centaines de milliers de personnes battent le pavé dans toute la France pour faire reculer les plus mauvais coups et s’opposer dans sa globalité à la contre-réforme systémique des retraites, que les Français très majoritairement soutiennent les grévistes et les manifestations dans tous les sondages et ce depuis le début du mouvement de grève, la moindre des choses aurait dû être la prudence et l'humilité de ces organisations.
De là à crier victoire, alors que ces mêmes directions syndicales n’ont ni appelé à la grève, ni respecté les positions de leurs adhérents en lutte, ni même fait reculer dans la loi un début de commencement de la mesure d’âge pivot à 64 ans.
Tout au plus, une lettre du premier ministre proposant à toutes les organisations syndicales, une nouvelle concertation de dupe pour trouver 12 milliards d’euros par leurs soins en moins de trois mais balisée et encadrée par le patronat et le gouvernement.
Là, on se dit que quelque chose ne tourne plus rond et que le débat est totalement biaisé. Heureusement le ridicule ne tue pas !!!
Maurad RABHI
secrétaire général
Editorial du Journal du THCB, janvier 2020