Publié le 20/07/2024
Lors de notre dernière Commission Exécutive Fédérale, nous avons pu découvrir et échanger autour des combats de Martha Desrumaux, cette syndicaliste du textile qui a donné sa vie pour améliorer les droits de tous les autres.
Née en 1897 (2 ans après la création de la CGT à Limoges), elle commence à travailler à 9 ans, se syndique à 15 ans et mène sa première grève quelques années plus tard pendant la Première Guerre mondiale. En 1914, après l’assassinat de Jean Jaurès, la majorité de la population et de la CGT avaient accepté la guerre. Dans la direction confédérale, seul Pierre Monatte, le fondateur de la NVO était contre. Durant cette boucherie qu’a été la 1ère guerre mondiale, les hommes étaient envoyés au front, les femmes étaient à l’usine pour faire tourner l’économie. Martha développe le syndicalisme dans sa ville de Comines (où se situe actuellement l’entreprise Ideals Fibers) puis dans l’Union Départementale (UD) du Nord, dont elle sera la première femme dirigeante.
En 1933, en pleine crise économique, Martha organise une énorme marche des chômeurs du Nord-Pas-de-Calais jusqu’à Paris, alors que notre organisation syndicale est divisée entre la CGT et la CGT U. La réunification de la CGT en mars 1936 au congrès de Toulouse permettra la victoire électorale du Front populaire puis la réussite de la grève générale qui l’a suivie, et les immenses conquêtes que sont les congés payés, la diminution du temps de travail à 40h sans perte de salaire, nos conventions collectives et la création des délégués du personnel... Martha sera présente aux négociations de Matignon porteuse des bulletins de salaires de centaines d’ouvrières.
Après cette victoire pour les salarié·es en France, elle organise le recrutement de combattants pour les brigades internationales en soutien aux républicains espagnols qui luttaient contre le fascisme du général Franco qui allait prendre le pouvoir aidé par Hitler.
Un courage physique lors des grèves ouvrières du Nord, des qualités d'oratrice
Son engagement dans les grèves ouvrières du Nord, ses qualités reconnues de courage physique lors des grèves, de capacité à prendre la parole, ses qualités tactiques et stratégiques d’organisatrice des luttes, ont fait d’elle une militante remarquée non seulement de ses camarades mais aussi des forces de police : condamnations et séjours en prison se succèdent mais ne parviennent pas à la décourager.
En 1939, après l’interdiction du Parti communiste, elle entre dans la clandestinité pour réorganiser l’activité militante bien avant la rupture du « pacte germano-soviétique ». Elle est arrêtée le 27 août 1941 puis déportée dans le camp à Ravensbrück le 28 mars 1942.
Libérée en avril 1945, elle est nommée, par la CGT, à l’assemblée constitutive provisoire mais, atteinte du typhus, elle ne peut y siéger. Après sa démission de l’UD du nord, elle poursuivra son militantisme au sein de l’Union des Femmes Françaises et de l’association des déportés et résistants. Elle décède en 1982.
Un parcours emblématique d'une époque et de l'engagement sans faille de milliers de militantes et militants
Le parcours de Martha est emblématique d’une époque et de l’engagement sans faille de milliers de militantes et militants.
Il faut se souvenir qu’avant leur combat, les femmes n’avaient pas le droit de vote et qu’il fallait l’autorisation du mari pour se syndiquer. Ces militantes ont, par leur engagement syndical, bousculé les dominations et stéréotypes de genre et conquis une façon d’être et de raisonner profondément émancipatrice. L’action inlassable de Martha pour informer et organiser les ouvrières doit nous inspirer encore aujourd’hui.
► Source : Journal du THCB juillet 2024
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